Esprit es-tu là ? Pleins feux sur les fantômes et autres apparitions spectrales

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Par Anne-Charlotte Pivot | Le 18 mars 2022 | Imprimés | Livrets de colportage

La peur des revenants remonte à l’aube de l’humanité. Toutes les civilisations ont produit, à un moment ou à un autre, des récits d’outre-tombe, de spectres errant près des vivants.

S’il existe de nombreuses variantes entre les légendes incluant des créatures surnaturelles telles que les esprits, fantômes, démons, il n’en demeure pas moins que les caractéristiques qui distinguent chaque apparition spectrale sont très similaires, quel que soit le folklore. Ainsi, les yōkai japonais, le Kuntilanak (fantôme de femme morte dans le folklore indonésien), et les fantômes « à l’européenne » ne sont pas très différents les uns des autres : ils sont « incorporels », c’est-à-dire qu’ils sont dépourvus de matérialité, contrairement aux apparitions « charnelles » comme les vampires ou les « morts-vivants ».

Mais comment expliquer le caractère universel de ces apparitions ? Dans les imaginaires individuels et collectifs, avant le 19e siècle, la peur de la mort et la croyance de la malemort, c’est à dire de la « mauvaise mort », qu’elle soit liée à la violence du décès, au non-respect des rites, à une malédiction ou aux actions commises par le mort durant son vivant, est très répandue :

"Celui qui se noie ou se pend, se donne lui-même la mort, 
n'a pas de service funèbre, n'est pas enterré dans le cimetière, 
est ni pleuré par ses proches, ni lamenté par ses voisins"

Daniela Soloviova-Horville, Les Vampires du folklore slave à la 
littérature occidentale, Paris, L’Harmattan, 2011, p.54.

Dans les collections de la Médiathèque, on retrouve de nombreux manuels attestant de ces croyances. Il s’agit essentiellement d’ouvrages de préparation à la mort, à la « bonne mort » qui font surtout écho à la crainte des « revenants en corps » c’est à dire des morts-vivants qui sortent de leurs tombes la nuit.

Cette pratique disparaît peu à peu au cours du 18e siècle lorsque la figure du Diable est remplacée par d’autres démons, des êtres ni-morts, ni-vivants que l’on surnomme « vampire ». A dissocier des fantômes traditionnels, le vampire est un spectre originaire d’Europe de l’Est qui dispose d’une nature démoniaque. Ce sont, selon le révérend père Dom Augustin Calmet, des gens morts depuis plusieurs mois qui « réapparaissent, se font voir, sucent le sang des vivants et qui s’attachent aux vivants sans se faire voir », au point de causer leur mort.

Auteur d’une somme sur le sujet, Le Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenans, il distingue très clairement les fantômes des morts-vivants et des non-morts.

Au cours du 19e, la figure du vampire devient une légende, tout comme celle des revenants en corps. Seule la croyance en l’existence des fantômes persiste. A tel point que de nombreux romans décrivent des histoires de fantômes : c’est le cas de l’ouvrage Le Tour d’écrou d’Henry James (1898), du roman Wutherin Height d’Emily Brontë (1847) ou encore du Fantôme de Canterville d’Oscar Wilde (1887).

Mais, en parallèle de cette littérature fantomatique, des auteurs conservent un intérêt pour ces croyances populaires et Jacques Collin de Plancy (1794-1881), un écrivain aubois du 19e siècle, entreprend même de rédiger et de publier un Dictionnaire infernal, répertoriant tous les démons et spectres du folklore populaire, à travers la mention de toutes les occurrences connues et avec des explications détaillées.

Véritable best-seller, le « Dictionnaire infernal ou Bibliothèque Universelle sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses, qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l’enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyances merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelle », est publié pour la première fois en 1818 et réédité six fois entre 1818 et 1863.

Tous les démons mentionnés dans les écrits religieux et toutes les créatures démoniaques et spectrales connues y sont cités. Mais, en attendant de rencontrer un véritable spectre dans les couloirs de la Médiathèque, n’hésitez pas à faire le quiz ci-dessous et à feuilleter le Dictionnaire Infernal de Jacques Collin de Plancy : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56036043.texteImage


Spectres ou revenants, sauras-tu les reconnaître ?

Réponds à chacune des quatre questions ci-dessous pour tester tes connaissances sur les spectres et les revenants (une seule réponse possible).

En fonction du score obtenu, tu connaîtras ton niveau ! Bonne chance !


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