Victor Collin de Plancy et Li-Tsin : une histoire d’amour au pays du matin calme

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Par Anne-Charlotte Pivot | Le 14 janvier 2022 | Iconographie | Personnages troyens

Aubois d’origine, Victor Collin de Plancy (1853-1922) fut le premier représentant de la France en Corée. Diplomate féru d’œuvres d’art, il collecte, durant ses séjours à Séoul (période allant de 1895 à 1906), des centaines de cartes postales, livres coréens, et objets de collection, qu’il donnera plus tard à nombre d’institutions culturelles publiques telles que le Musée Guimet, la Bibliothèque nationale de France ou la Médiathèque Jacques-Chirac de Troyes qui détient une partie des archives du diplomate, quelques beaux livres coréens, ainsi qu’un fonds conséquent de cartes postales concernant la Corée, la Chine, le Japon et l’Indochine (1820 items), dont voici quelques exemples significatifs :

Parmi les livres issus de la bibliothèque personnelle de Collin de Plancy, la Médiathèque de Troyes conserve l’un des rares exemplaires de l’ouvrage En Corée publié par Hippolyte Frandin, diplomate en Corée, successeur de Collin de Plancy, et la mystérieuse Claire Vautier dont on ne sait rien, mais qui pourrait très bien être un pseudonyme, la probabilité qu’une femme non mariée soit allée en Corée à cette période étant peu probable. Il pourrait d’ailleurs tout à fait s’agir de Victor Collin de Plancy lui-même, les initiales « CV » faisant penser au patronyme inversé de Victor Collin. Mais tous ces éléments sont des hypothèses…invérifiables !

A mi-chemin entre le récit de voyage et le roman, ce livre se présente comme un panorama des peuples asiatiques et vente la suprématie de la civilisation européenne en adoptant un ton misogyne et colonialiste. Si la plupart des textes concernent essentiellement les mœurs, le commerce et les relations diplomatiques entre la Chine, le Japon et la Corée, une nouvelle romanesque prêtant à Victor Collin de Plancy, une relation amoureuse avec une danseuse de la cour du roi de Corée de l’époque, Li-Tsin, figure aux pages 137-140 :

« Une danseuse attachée à la maison royale se distinguait de ses compagnes par son indiscutable beauté. Un jeune chargé d’affaires (il vit encore et je ne peux divulguer son nom) fut particulièrement frappé par la grâce et le charme de cette jeune femme. Il la demanda au roi Li-Hi qui, très généreusement, lui en fit don »

Hippolyte Frandin, Claire Vautier, « En Corée », 1904. Extraits de l’ouvrage, p. 137. Cote : Res.f.777

Portrait de Victor Collin de Plancy. Cote : CP 670-003.

Si le nom de Collin de Plancy n’est pas mentionné directement, la légende veut que les auteurs le désignent. Historiquement parlant, Victor Collin de Plancy était le premier représentant de la France en Corée. Le récit fait donc référence, a priori, à cette personne. Pour autant, aucune archive n’atteste la véracité de ces faits. Il n’existe aucune photo de Li-Tsin, encore moins un document mentionnant un mariage avec Victor Collin de Plancy. De plus, l’ironie de l’histoire veut que l’exemplaire conservé à la Médiathèque de Troyes soit expressément dédicacé par Hippolyte Frandin :

Si ce récit s’avère authentique, Victor Collin de Plancy aurait-il acheté et fait dédicacer son exemplaire ? Rien n’est moins sûr lorsqu’on s’attarde sur le ton du texte publié par Frandin :

« La danseuse étant essentiellement esclave, dut suivre, sans protester son nouveau maître et [le suivi en Europe]. Mais, repris par son ancienne vie, le chargé d’affaires délaissa bientôt sa compagne. Ainsi, il l’abandonna indignement et elle fut réintégrée au collège royal des danseuses. Mais, à jamais conquise aux moralités de la civilisation, Li-Tsin se suicida en avalant des feuilles d’or ».

Hippolyte Frandin, Claire Vautier, « En Corée », 1904. Extraits de l’ouvrage, p. 139-140. Cote : Res.f. 777

Photographie Musée Guimet – spectacle lyrique et chorégraphique dédié à Li-Tsin, 2015.

En lisant ces lignes, on peine à croire qu’il s’agisse d’une histoire véridique. Aucun nom n’est véritablement cité, l’auteur conclut son récit en indiquant qu’il s’agit d’un « roman » et Collin de Plancy lui-même a acheté l’ouvrage de son comparse malgré le caractère accusateur du texte. Il n’en demeure pas moins que la légende demeure depuis plus d’un siècle sans que personne n’ait pu déterminer la véracité de cette histoire d’amour. Preuve en est que la romancière sud-coréenne Shin Kyung-sook a consacré une fiction historique à la danseuse en 2010 à laquelle vous pouvez accéder en cliquant sur le lien suivant : https://www.editions-picquier.com/ouvrage/li-chin/

La légende de Li-Chin et de sa romance avec un diplomate étranger a donc de beaux jours devant elle…

Si vous souhaitez en savoir davantage sur notre fonds asiatique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse ">

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2 Commentaires

  1. mendak noble danièle

    merci! ce Colin de Plancy fait beaucoup parler de lui actuellement!!!

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  2. mendak noble danièle

    pardon …….COLLIN de PLANCY !

    Réponse

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