Martin Luther, le petit moine devenu Réformateur

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Par Joëlle Wetzstein | Le 4 décembre 2017 | Billets invités | Imprimés

A l’occasion de l’année Luther, gros plan sur les livres allemands et protestants conservés à la Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, un ensemble méconnu et original du Patrimoine troyen.

 

Nous sommes à la fin du Moyen-Âge, une longue période durant laquelle l’Eglise a la mainmise sur tout : politiques, royaumes, guerres, paix, églises, éducation, âmes. Telle une chape de plomb imposée sur les lieux et les êtres, la vie et la mort. Les habitants du Saint Empire Romain Germanique, harcelés par les guerres et famines à répétition, sont angoissés par l’après-mort. La question récurrente est : « serai-je sauvé ? » « Ai-je accumulé suffisamment de « bons points », de bonnes œuvres, pour que Dieu soit clément à mon égard, pour ne pas souffrir dans les affres de la damnation éternelle » ? Les églises sont couvertes de ces peintures horribles montrant ce qui arrive à ceux qui ne se comportent pas ‘comme il faut’. Elles prennent une dimension catéchétique pour des gens qui ne savent pas lire, et ne peuvent avoir accès aux Ecritures bibliques qu’à travers le prisme de l’enseignement des hommes d’Eglise. C’est à cette période que les Indulgences sont remises au goût du jour. On se presse pour acheter ces bouts de papier qui promettent à leurs acquéreurs un temps écourté au purgatoire, voire un accès direct au paradis, pour eux ou leurs proches défunts.

 

 

Il fallait bien construire la Basilique Saint Pierre de Rome…

Martin Luther ne sera pas le premier « lanceur d’alerte ». D’autres avant lui s’y sont risqué. En affirmant qu’il faut revenir à la simplicité et enseigner la Bonne Nouvelle : citons les Vaudois, les Hussites, les Cathares. Tous ont été des précurseurs dans leur volonté de changer l’Eglise. Ils ont été condamnés au bûcher ou forcés à l’exil. La réforme luthérienne a eu plus de chance. Elle s’est répandue grâce à une invention, une brèche à travers les interdits et les bûchers pour hérésie : l’imprimerie. Les idées de Luther, d’abord ses 95 thèses puis ses écrits se sont répandus dans toute l’Europe sans que personne ne puisse stopper le mouvement.

Cette année, le 31 octobre, nous avons fêté les 500 ans de cette Réforme. La veille de la Toussaint, alors que la vente des Indulgences battait son plein, ce petit moine augustin, professeur de théologie, placarde sur l’église de Wittenberg ses 95 thèses contre ce trafic. Pour lui, se basant sur la Bible, c’est gratuitement que Dieu aime. C’est la foi qui sauve, pas les œuvres, ni les inventions humaines. Luther voulait lancer un débat, comme il en avait l’habitude avec ses étudiants, et non pas inventer une nouvelle Eglise ! Finalement excommunié, banni, puis protégé par le Prince de Saxe et d’autres, caché dans le château de Wartburg, c’est une autre Eglise qui va naître. Luther va prendre le temps d’écrire, commenter, expliquer, définir. Son premier objectif : traduire la Bible en allemand pour que tous puissent y accéder. Un magnifique exemplaire illustré est conservé dans le fonds ancien de la Médiathèque, qui possède 25 éditions des œuvres de Luther, imprimées du 16e au 19e siècle.

 

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En 1529, Luther prend conscience de la très mauvaise formation des pasteurs (parfois anciens prêtres convertis) et de celle des enfants, en matière de foi et de connaissance de la Bible. Il écrit alors un Petit Catéchisme, destiné aux enfants, et un Grand Catéchisme, pour les adultes, où il reprend tous les fondamentaux, de manière simplifiée, accessible : la Bible, les Dix Commandements, le Credo, le Notre Père, les Sacrements. La nouveauté réside dans sa méthode pédagogique, sous forme de questions-réponses. Sachez que tous deux sont toujours utilisés au sein des Eglises luthériennes dans le monde entier, et que les enfants devaient, jusqu’à encore récemment, apprendre les réponses par cœur !

 

 

Vous trouverez également dans le fonds ancien de la Médiathèque ses Œuvres en quatre tomes dans lesquels figurent ses principaux écrits tels que son Commentaire des Psaumes ; des lettres, notamment au Pape ; des Disputatio (arguments), des traités comme La Captivité babylonienne et des enseignements : Du nombre de sacrements. Il y a aussi le laisser-passer de Charles Quint pour que Luther puisse se rendre à la Diète de Worms. Le projet de l’empereur est clair : que Luther se rétracte. Vous pouvez lire la réponse de celui-ci, page 414 du 2nd tome, où il invoque, pour sa défense, une chose impensable pour l’époque : sa liberté de conscience.

 

Pasteure Joëlle Wetzstein

Eglise protestante unie de Troyes et Aube

 

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