L’art de sauter

Par Emeline Pipelier | Le 20 mai 2023 | Imprimés

C’est en 1599 que paraît Trois dialogues de l’exercice de sauter et voltiger en l’air, publié à Paris chez Claude Monstr’oeil.

L’auteur, Archange (Archangelo) Tuccaro, est originaire d’Italie, où il est né dans les années 1530. Acrobate de profession, il se produit principalement à la cour de puissants personnages, et notamment pour l’empereur Maximilien II. Lorsque l’une des filles de ce dernier, Elisabeth, épouse le roi de France Charles IX, Archange Tuccaro suit la princesse jusqu’en France et devient le « saltarin » officiel du roi, ainsi que son professeur de gymnastique. C’est dans ce contexte que se placent les Dialogues de Tuccaro : lors d’un voyage du couple royal en Touraine après leur mariage, des membres de leur suite, Français et Italiens, débattent au sujet de l’exercice physique (incluant des « sports » comme la lutte, la danse ou l’équitation) et surtout de l' »art de sauter » : les acrobaties.

Le premier dialogue est surtout historique, philosophique et moral : on y débat de l’origine du mot « gymnastique » et de la moralité de la danse. Le second, consacré à la « cubistique » (un autre nom utilisé par Tuccaro pour désigner l’art des sauts et des acrobaties), est de loin le plus original : il donne de véritables instructions pour réussir différents types de figures. Ce manuel, illustré par de nombreuses gravures sur bois comportant parfois des schémas, décrit avec une rare précision les différentes manières connues de « lever, tourner ou volter » son corps, parfois avec l’aide d’instruments : table, cerceaux ou « trampellin » (sorte de tremplin parfois identifié comme un lointain ancêtre du trampoline).

Quant au dernier dialogue, il vante avec intérêt les mérites de l’exercice physique, pour les hommes comme pour les femmes : il permet de se réchauffer, facilite la digestion… mais uniquement à condition de ne pas oublier de se reposer !

L’ouvrage, considéré comme l’un des premiers livres de gymnastique au monde, est conservé en Grande Salle sous la cote s.10.2378.

Il est également accessible sur Gallica.

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